Hélène Jayet

Née en 1977 en Île de France
Vit et travaille à Montpellier
Le travail d’Hélène Jayet, mêlant dessin et photographie, interroge l’histoire coloniale et la place arbitraire attribuée par les sociétés aux individus.

Ses recherches photographiques débutent par une étude du cheveu afro, réalisée au gré des rencontres, ses modèles ayant pour point commun leurs origines africaines. Cette première enquête, Chin-up – colored only!, s’inscrit en contrepoint de celle de Casimir Zagoursky qui photographiait, au début du siècle, la richesse des coiffures autochtones d’Afrique, les immortalisant dans ses nombreux carnets de voyages. A contrario du regard voyeuriste de ce dernier, Hélène Jayet propose une démarche qui s’apparente à une performance. Son projet inclut tout à la fois l’acte photographique mais aussi le déploiement du studio photographique, la discussion avec ses sujets, toujours afro-descendants, et la proposition, d’ensemble, relever fièrement la tête (chin-up !) Exposée pour la première fois en 2013, la série Chin-up – colored only! continue de s’enrichir et, offre aux afro-descendants un espace pour prendre en main leur image. Elle nous plonge dans une histoire iconographique africaine que la colonisation a transformée en une série d’actes de prédation, et propose une sortie par le haut… En levant le menton!

Depuis ce travail, l’artiste a renoué avec le dessin et développé une nouvelle écriture. Partant d’images glanées dans des ouvrages historiques, photographiques ou sur la toile, Hélène Jayet réinterprète, noircissant son Canson, point par point, jusqu’à brouiller l’image d’origine, et nous obliger au recul. Prolongement de ses photographies, cette pratique transforme les pixels des tirages en une série de taches d’encre, qui peuplent parfois densément ses feuilles, et recréent des paysages imaginaires. Réalistes ou abstraits, ces dessins sont intimes. Ils tracent en creux l’histoire d’une mémoire et d’une identité qui sont propres à l’artiste, et sillonnent entre Mali et pays Basque, du souffle musical au pas de danse de Béjart.

Ces derniers, développés lors de résidences réalisées à Dakar, Bamako où Ifitry au Maroc en 2019, sont exposés pour la première fois à Paris. Les photographies de l’artiste ont, elles, été exposées au festival de La Gacilly, à la Fondation Zinsou au Bénin, aux Rencontres photographiques de Guyane, aux biennales de Bamako et de Dakar, ainsi qu’au Macaal de Marrakech, au musée BOZAR de Bruxelles ou encore à l’Afrikan Museum, aux Pays-Bas.