Fatime Zahra Morjani (1971 – Casablanca)
Plasticienne, vit et travaille à Rabat.
Après avoir vécu au Maroc puis en Ethiopie, c’est à Varsovie que Fatime Zahra Morjani, architecte de formation, expose pour la première fois en 2010. À travers ses voyages, sa curiosité lui a permis de s’imprégner de cultures et de reliefs différents. Autant d’influences qui s’harmonisent dans des oeuvres abstraites où elle exprime son engagement, notamment en faveur des causes environnementales, questionnant le lien tourmenté qui unit l’Homme à la Nature.
Après une première exposition personnelle Synapses (2010), où elle fait émerger de minutieux motifs dans la gaze en référence à certains de ses souvenirs, elle rentre au pays natal en 2013 et y présente Coriolis (2014), une exposition-renaissance où le rituel de l’eau est omniprésent.
En 2015, elle présente Kairos, où s’entremêlent goudron, matières fossiles et matériaux de récupération, puis suivra Obsidienne (2018) et ses toiles matiéristes et monochromatiques qui, du noir font surgir la lumière, avant d’affirmer pleinement son usage et son détournement des plantes dans Taxidermie du Paysage (2019). Début 2020, elle donne à voir dans Rituels un corpus d’oeuvres et d’installations inspirés de rituels ancestraux hérités de sa grand-mère. Gardienne d’une mémoire séculaire et de rites quasi oubliés, l’artiste fidèle à sa pratique du détournement, s’applique à les « dé-naturer » pour en proposer une interprétation plastique, empreinte de poésie.
L’accomplissement par le trait, l’intime par les couleurs, le questionnement permanent à travers la matière. Les toiles de Fatime Zahra Morjani, comme l’explosion d’une étoile, dérobent à l’obscurité ses dernières lueurs.
Aux formes s’ajoute la démarche, nomade, témoignage pictural de vies antérieures et d’innombrables voyages. Un passé éthiopique et une réflexion anthropique, une route hypnotique menant vers le gris du ciel polonais, puis à la solitude chaude du sud marocain… Au-delà de ses propres errances, la catharsis de Fatime Zahra Morjani fige la détresse : celle d’une nature en déclin, en proie aux exactions de l’homme toutpuissant.